Délivrés de famille à la Folie Théâtre

Dans une famille de bobos dysfonctionnelle, l’anniversaire de Mélanie devient un prétexte pour rompre. En faisant signer un « formulaire de déconnaissance », les parents croient pouvoir se libérer définitivement de leurs progénitures. Mais est-on jamais complétement délivré de sa famille ?  Réponse à la Folie Théâtre avec la pièce Délivrés de famille.

Il n’y a rien de plus égoïste que de se reproduire. C’est un fait. S’extasier devant un bébé offrant son premier rot n’y changera rien. La famille est une plaie, une contrainte, une alliance non choisie, la pègre de l’humanité, une secte de coincés. Tout compte fait, il faut s’en libérer, coûte que coûte. C’est l’intention des parents de Mélanie, 30 ans et le propos de la pièce Délivrés de famille à découvrir à la Folie Théâtre jusqu’au 26 juin 2022.

Ces derniers ont beau l’avoir élevée (avoir changé ses couches puantes, perdu des années de sommeil, gâché pour elle tant d’argent…), il est désormais temps de cautériser ce cordon qui les étouffe.

 Ça tombe bien : aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la jeune femme. L’occasion rêvée de lui rendre sa liberté.

Attestation de déconnaissance 

On peut rompre avec ses parents, avec toute cette mélasse de souvenirs encombrants, ces liens et ce mélange indigeste de reconnaissance et de ressentiments. Sur la table, un papier l’atteste. Il s’agit d’une « attestation de déconnaissance. » Il suffit de la signer pour que chacun retrouve sa liberté.

Mais, quand rompre avec un plan cul Tinder est déjà difficile, qu’en est-il alors de le faire avec sa propre famille ? Certains y parviennent sûrement avec élégance, fatalisme ou résignation.

Ce n’est pas le cas de ceux-là.

La rupture devient un prétexte pour aborder à la fois la sodomie, les non-dits, l’héritage et l’homophobie intégrée de ces bobos pseudo-progressistes de parents jugeant le conformisme de leurs enfants à l’aune du leur.

« Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon »

Dans Anna Karénine, Tolstoï disait : « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon ».

Cette comédie Freudienne fait mentir l’écrivain tant cette famille malheureuse est universelle.

La force de la pièce est peut-être d’ailleurs que le spectateur (si tant est qu’il vienne d’un milieu parisien culturel et aisé) se projette facilement dans ces sociotypes un brin agaçants. Et, si elle n’échappe pas à certains clichés, celle-ci a le mérite de soulever un questionnement non sans-intérêt.

Que feriez-vous, vous, par exemple, de la possibilité de rompre avec votre famille ?

Délivrés de famille
À la folie théâtre
6 rue de la Folie Méricourt – Paris 11e
Jusqu’au 26 juin 2022
Mise en scène de Jean-Luc Voyeux
Avec Lucille Bobet, Léonie Duédal, Anne-Cécile Crapie, Francis Boulogne, Olivier Troyon
Auteur : Anthony Puiraveaud
Réservations