Si nous avons pu (re)découvrir Paris à travers les yeux d’une Américaine un poil naïve via Emily in Paris, qu’en est-il du côté des nouveaux venus dans notre chère capitale ? À l’annonce de la saison 2 du show Netflix, nous avons interrogé les principaux intéressés. Que pensent les nouveaux parisiens de Paris ? Entre émerveillement, désillusions et (bonnes) surprises, ils nous ont raconté leurs histoires.
Une ville « super tolérante » mais aussi « craignos ». « Une ambiance frénétique » et à la fois « anxiogène ». Les adjectifs ne manquent pas pour raconter Paris. Nous avons demandé aux concernés ce que pensent les nouveaux parisiens de Paris ? Rencontre à distance en ces temps mouvementés.
« Mais que Diable allait-il faire dans cette galère ? »
« Mais que Diable vas-tu faire dans cette galère ? » a demandé non sans référence la mère de Marco, 33 ans, slasheur professionnel, quand il lui a annoncé la nouvelle : « Je pars m’installer à Paris ».
Pour Arthur, 20 ans, « Paris n’était pas spécialement un but, plutôt une nécessité. Tout est centralisé ici en terme de magazines, maisons d’édition etc. Même si je ne cherchais pas forcément un apprentissage à Paris, force est de constater que c’est ici qu’il y a le plus d’opportunités puisque j’ai été pris chez Têtu magazine, à République ». Même son de cloche du côté de Pauline, 25 ans, graphiste : « Je suis à Paris pour finir mes études et plus particulièrement parce que j’ai été engagée à la Seine Musicale en alternance ».
Alors Paris, un eldorado forcé ? Jacinthe est plus enthousiaste. « Paris est ma ville « goal ». C’est l’endroit en France où je peux faire le plus de choses. En tout cas tout ce dont j’ai envie ». La jeune trentenaire demande donc sa mutation à condition d’être Visual Machandising dans une boutique intra-muros. Elle l’obtient et arrive avec ses valises en mai 2020, juste après le premier confinement.
Paris n’est pas un long fleuve tranquille
Si tous ont des buts et des attentes différents, nos néo-parisiens sont unanimes sur une chose : Paris est une ville pleine de contrastes et truffée de surprises, nuancées.
« Je ne m’attendais pas à voir autant d’endroits dégradés. J’imaginais des quartiers entiers souillés mais pas ce contraste entre chic et sale d’un trottoir à l’autre » regrette Arthur. « Même dans des arrondissements à la réputation aisée certaines rues sont vraiment moins sécures que d’autres. On le remarque aussi dans la population, c’est bizarre ».
L’étudiant en stratégie digitale se souvient notamment de son arrivée à Porte de Clignancourt pour visiter un appartement : « l’atmosphère était pesante, anxiogène, limite dangereuse. Je me suis dit que je ne pourrais jamais habiter là ». Mais 20 mètres plus loin, changement de décor. « L’appartement était en fait rue des Rosiers, à Saint-Ouen. Le contraste m’a vraiment impressionné. Entre l’ambiance village du quartier Vivaldi / rue des Rosiers et le bruit et la densité de personnes Porte de Clignancourt. Je suis super content d’être tombé ici finalement. J’adore l’ambiance et le calme de mon quartier ».
Ne paniquez pas si vous prévoyez prochainement de jouir du noble titre de « Parisien ». Nul besoin de s’expatrier à Saint-Ouen pour vivre la dolce vita parisienne, la preuve.
Jacinthe est tombé amoureuse de son quartier autour de la Rue Saint-Maur dans le 11e. « Je ne m’attendais pas à trouver une telle vie de quartier, une telle proximité entre les habitants. C’est un vrai village. Les commerçants en bas de chez moi connaissent et donnent des coups de main aux gens de l’immeuble. C’est très agréable comme cadre de vie, je n’entends pas les bruits de la rue puisque mon studio donne sur cour, c’est génial ! ».
On retrouve un discours similaire chez Marco, Montmartrois d’adoption depuis presque 4 mois. « Quand on pense à Paris on entend le bruit des voitures, de leurs klaxons, des gens… Mais ici à Montmartre c’est plutôt calme – à part quand un camion bloque ma rue en sens unique. Ça contraste vachement avec le boulevard un peu plus loin ». Quoique le confinement faisant son oeuvre, tout Paris est globalement moins bruyant qu’en temps ordinaires…
Outre ces bonnes surprises, Jacinthe avoue que « la ville [me] pèse parfois sur le moral. Surtout la pauvreté et la saleté environnante. Concrètement je pourrais mettre moins de temps à aller au boulot à Porte d’Italie mais je préfère marcher et éviter République car la station est dégueulasse dès le matin ! Et encore je suis en horaires décalés – 6h / 16h – donc c’est relativement calme par rapport aux heures de pointes… ».
Mêmes observations quand l’ancienne messine fait son jogging dominical entre Porte de Vincennes et Porte de Bagnolet : « Le fait de croiser chaque jour, chaque semaine, autant de misère humaine, de personnes sans-abris sans savoir comment les aider mine sur le long terme. Même si je m’y attendais, il faut pouvoir le supporter. D’ailleurs ce serait la seule raison qui me fasse quitter Paris ».
Une ville (aux) musée(s)
Et tellement plus de raisons d’y rester ! Aucun ne regrette sa décision d’avoir troqué Aix-en-Provence, Strasbourg, Metz ou la campagne Lyonnaise pour Paris. Notre Ville Lumière offre bien des avantages à qui fait l’effort de les voir et les apprécier.
« À Paris, les gens sont plus tolérants » clament presque d’une seule voix Jacinthe et Arthur, qui n’évoluent pourtant pas dans les mêmes sphères. L’un est adepte des soirées appart’, du milieu gay et des petits bars de Montmartre. L’autre des soirées techno parisiennes « où les personnes sont dans le même délire que moi c’est-à-dire ouverts d’esprit, tolérants et fans de tatouages et piercing. Ici tu fais ta vie comme tu veux. Il y a plus de personnes, de nationalités différentes donc les gens font moins attention à toi. Paris est une ville ultra cosmopolite, j’adore ! ».
Un sentiment que partage aussi Marco et Pauline même s’ils attendent avec impatience que les sorties ne soient plus illégales. Tout pareil !
De la même manière, même si les nouveaux Parisiens n’ont eu qu’un brève aperçu de la vie culturelle qu’offre Paris, ils ont hâte de pouvoir retourner flâner dans les musées, rire au théâtre et s’extasier devant les nombreux écrans de cinémas d’Art et Essai de notre métropole d’amour.
Tous s’accordent pour dire que Paris propose une offre culturelle égalée nulle part ailleurs. Et Marco de conclure que selon lui « Paris ne ressemble à aucune autre ville dans le Monde et qu’elle sera toujours là, accueillant les nouveaux venus à bras ouverts dans son tourbillon de la vi(ll)e ».
On n’aurait pas dit mieux.
Illustrations : © Olivier Blanche pour Coolmag Paris