Pas de devanture, encore moins d’enseigne lumineuse. Pour avoir la chance de balader ses yeux (et ses mains) chez Thierry, il faut avoir du nez. Sa boutique brocante confidentielle à Montmartre se dévoile aux plus tenaces, encore faut-il la remarquer. Après moultes séances de lèche-vitrine le front collé à la vitre, nous sommes (enfin !) passés de l’autre côté du trottoir. Mot de passe ? « C’est combien ? ».
Insoupçonnable de l’extérieur. Enfin, pas tout à fait. Nichée entre le cimetière de Montmartre et l’Hôpital Bretonneux, la boutique d’antiquités de Thierry Ligneau pourrait très bien passer inaperçue si les verres en cristal de la vitrine ne scintillaient pas à chacun de nos passages rue Joseph de Maistre. Prenant notre courage à deux mains, nous sommes rentrés pour chiner de jolies choses et quelques infos sur le maitre de maison, un poil farouche.
« Regardez cette carafe du 19e en cristal baccarat. Elle joue la Marseillaise et l’hymne impériale russe comme une boîte à musique, c’est fantastique ! ». Effectivement. Hélas vous ne pourrez pas l’acheter : « c’est mon petit joujou. Je crois que je ne pourrais plus la vendre… » confie l’antiquaire assis sur un joli fauteuil Empire.
Comme cette bouteille insolite, chacune des mille et une pièces conservées ici et là dans les 100 m2 de la boutique sont un coup de cœur du brocanteur. Livres anciens, verres soufflés, shots en cristal, assiettes artisanales uniques, faïences de Sarreguemines, chandeliers 19e, buste sculptés, tableaux… Le tout créant une certaine harmonie ou un « joli foutraque », dixit le cinquantenaire lui-même.
Puisqu’on n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace, en trente ans de carrière Thierry ne « succombe à aucune tendance » et « préfère largement avoir de « bonnes » visites que beaucoup de passages inutiles». À bon entendeur.
D’ailleurs, pour apprécier toute l’âme de ce cabinet de curiosités authentique, il faut prendre le temps d’écouter le tenancier. Thierry connait chaque pièce et chaque histoire de son trésor. Disons-le, quelques obsessions aussi. Comme ces drôles de bustes réunis sous la verrière de la boutique ou l’imposante collection de carafes faites-mains, toutes plus fines les unes que les autres.
Collier en nacre blanche vintage, tapisseries monumentales incroyables, snapshots noir et blanc de villes randoms… Autant prévenir, il y a de fortes chances que vous ayez aussi un coup de cœur (ou développiez une obsession). Pour partir avec une partie du butin, c’est simple. Il y a autant de sets de vaisselles années 50 à 20 euros que de lustres en cristaux de roches à 20 000 euros. Au moins vous êtes fixés.
Thierry Ligneau, brocante à Montmartre
48, rue Joseph de Maistre – Paris 18e
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