Doisneau, Brassaï, Kertész, Ilse Bing, Izis, on connait et on adore. En revanche, Gaston Paris ne titille ni l’oreille des connaisseurs, encore moins celles du grand public. Qu’à cela ne tienne, deux expositions photos gratuites proposent de découvrir le Paris du photographe méconnu : insolite, intimiste, voire surréaliste. Voyez plutôt.
Tour à tour reporter, photographe humaniste, portraitiste et même auteur de roman-photos. Il n’en fallait pas moins de deux expositions pour rendre hommage au prolifique travail du photographe multicasquettes Gaston Paris. Rendez-vous dans les sous-sols du Centre Pompidou puis au milieu des 7 millions d’archives de la Galerie Roger-Viollet pour scruter l’œuvre aussi variée qu’admirable, intrigante et merveilleuse de l’artiste oublié… Jusqu’à maintenant.
« À sa mort en 1964, sa veuve – dont il était séparé – nous a ramené 15 000 négatifs » se souvient Dominique Lecourt, responsable éditorial de l’agence Roger-Viollet. Cinq décennies plus tard, les clichés de Gaston Paris sont révélés pour la première fois dans deux expositions complémentaires incontournables. Au total, plus de 200 tirages sont à admirer sans se lasser puisque le photographe illustrateur excelle dans la diversité des sujets qu’il immortalise : portrait du Paris festif des années 30, difficultés de l’après deuxième guerre mondiale, obscurité de l’Occupation, mais aussi scènes de vie(s) et autres bizarreries.
Qu’on opte pour la confidentielle galerie photo de Beaubourg ou celle avec pignon sur rue Roger-Viollet, le spectateur ne peut rester de marbre devant la sélection proposée : les coulisses du musée Grévin, les drôles anciennes enseignes des échoppes parisiennes d’antan, une plongée au cœur des répétitions des plus illustres cabarets parisiens ou encore des clichés des pénitenciers pour enfants et autres reportages au cœur de « La Zone ». Le tout jouant à merveille avec la lumière naturelle et celle de l’énorme lampe torche que Gaston Paris trimballait avec lui pour prendre les meilleurs clichés.
Pour exemple, la photographie du policier dans la tempête de neige à Paris (1940), accrochée rue de Seine. On pourrait presque compter les flocons tant le cliché est remarquable. Une prouesse analogique quasi impensable pour les fous de Photoshop que nous sommes (allons, soysons honnêtes !).
D’ailleurs, le seul salarié du magazine Vu (ancêtre de l’hebdomadaire américain LIFE) n’a jamais fait d’infidélité à son Rolleiflex. Il a toujours capté le mouvement et la lumière naturellement. Instinctivement même. « Le cercle est très présent dans le travail de Gaston Paris » observe Dominique. « Aussi bien dans ses portraits de vedettes comme Edith Piaf, Joséphine Baker, Brigitte Bardot que des images de Notre-Dame ou autres autoportraits surprenants ».
Le mieux étant encore de découvrir tout ça de vos propres yeux, on vous laisse la surprise des nombreuses autres facettes de Gaston Paris à travers les deux expositions dédiées. De quoi être dans le viseur des amateurs de photos et autres curieux. Attention, le grand artiste va sortir (de l’anonymat) !
Gaston Paris
La photographie en spectacle
Jusqu’au 18 avril 2022
Centre Pompidou – Paris 4e
Entrée libre
Gaston Paris, l’œil fantastique
Jusqu’au 23 avril 2022
Galerie Roger-Viollet
6, rue de Seine – Paris 6e
Entrée libre