La dernière vespasienne de Paris, vestige d’une autre époque trône (pas très) fièrement au milieu du boulevard Arago. Curieux, amoureux d’histoires ou simples badauds pressés flânent devant l’édifice sans vraiment sourciller. Pourtant, l’ancêtre des pissotières a de nombreuses histoires à raconter. Petite pause « histoire » à lire au cabinet pour se la raconter au prochain dîner !
Si les « uritrottoirs » écolos à Paris font polémique depuis leur mis en place à l’été 2018, leur aïeul tient le coup, hermétique à la vindicte populaire. Il faut dire que la dernière vespasienne de Paris coule des jours heureux dans son (petit) coin depuis presque deux siècles. Plongée dans les eaux troubles des toilettes publiques de la capitale…
Les urinoirs ou sanisettes d’antan sont introduits dans les années 1830 pour palier au manque de pudeur et d’hygiène des Parisiens par le comte Rambuteau, qui en fait installer 478 sur les trottoirs de la ville. À cette époque, ces sanisettes font aussi office d’affichages publiques. Un peu de lecture au cabinet en somme… Malgré cette bonne et intemporelle association, on dissocie dès 1860 les sanisettes et les désormais fameuses colonnes Morris, dédiées à la réclame publique.
Plus que de simples lieux de soulagement, ces édifices en fonte, métal forgé et arabesques d’émail deviennent petit à petit des lieux de rendez-vous, notamment lors de la Seconde Guerre mondiale.
On raconte ainsi qu’à l’écart des regards indiscrets les hommes en rencontrent d’autres, parfois lors de séances tarifées, parfois non. D’autres affirment que les Résistants les utilisent pour s’informer et se retrouver tapis dans l’ombre de l’ouvrage.
Modernisme aidant, les vespasiennes parisiennes sont petit à petit rayées de la carte : de 1200 en 1930, on en compte 329 en 1966 puis deux (dont une dans le 16e démolie à la demande – pressante – des habitants) et enfin une seule en 2019.
Aux dernières nouvelles, en juin 2020, la dernière vespasienne de Paris était totalement recouverte d’or. De quoi en avoir plein les mains à défaut d’autre chose en remontant son futal.
Dernière vespasienne de Paris
Boulevard Arago – Paris 13
En face de la prison de la Santé