Emmanuel a des superpouvoirs. Il transpose nos personnages préférés de la Nouvelle Vague dans les rues du Paris d’aujourd’hui et fait renaitre leurs histoires le temps d’un cliché. Pourquoi ? Le mieux est encore de lui demander.
Antoine, Cléo, Jeanne, Lucile, Patricia, Zazie, Gilbert… Si, comme nous, l’évocation de ces prénoms vous fait sourire, la suite va vous plaire. Emmanuel Plane, dit « Le Superposeur », fait coïncider des scènes de films français avec leur décor d’aujourd’hui dans les rues de Paris. Résultat ? Une galerie photo qui donne envie de (re)voir ses classiques et (re)sillonner notre chère capitale. Cap ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, notre parisien « né à la sortie du Cercle rouge » n’est pas obsédé par la Nouvelle Vague et ses personnages remarquables.
À l’instar des impressionnistes en leur temps, les cinéastes de la Nouvelle Vague « tournent en majorité à l’extérieur, notamment pour des raisons économiques, alors qu’ils étaient jusqu’alors réalisés en studio. Raison pour laquelle on voit beaucoup Paris dans les films de la Nouvelle Vague : les Champs-Elysées dans « À bout de souffle », la place Clichy et le XVIIIᵉ dans les films de François Truffaut… ».
Jean Seberg dans A bout de souffle / Avenue Mc Mahon – Paris 17e
Pour autant, Emmanuel joue volontiers les prolongations en superposant des scènes de films actuels comme « Le sentiment de l’été » de Mikhaël Hers « mais le contraste entre le passé et le présent est moins fort ». La belle affaire !
Contemporaines ou pas, ses scènes de films assemblées à leur cadre actuel sont une émouvante preuve que Paris est toujours capable de beaucoup plus qu’une carte postale (aujourd’hui photo Instagram, copiée, recopiée et re recopiée). Ses rues, ponts, sorties de métro, etc. même les plus banals dans l’absolu peuvent (re)devenir emblématiques si les bonnes personnes sont dans le champ.
Parigo depuis toujours mais pas borné, le photographe superposeur ne s’en tient pas qu’à notre Ville Lumière mais sévit aussi à Cherbourg, La Rochelle et même… Oslo ! « Cet exercice est avant tout un jeu : trouver le lieu où le film a été tourné, et découvrir une fois sur place s’il a beaucoup changé ou pas. Parfois, j’ai l’impression que le tournage a eu lieu la veille tellement le lieu est à l’identique. Parfois, c’est le contraire : tout a tellement changé que je ne peux pas prendre de photo, dans la mesure où il n’y a plus d’élément en commun entre la capture d’écran et la scène que j’ai devant mes yeux ».
Évidemment, les 87 captures d’écran postées à ce jour sur son compte Instagram se transposent toutes merveilleusement dans les prises de vues des cinéastes. Elles épousent les courbes des immeubles, les angles des trottoirs et même quelques troncs d’arbres ! À quelques détails près : voitures, mobiliers urbains, cuir des fauteuils de métro, couleur de devantures, enseignes… Ainsi va Paris, n’est-ce-pas ?
Michel Duchaussoy dans Que la bête meure / Maison de la Radio – Paris 16e
Alors à défaut de pouvoir flâner au bras d’Antoine Doisnel sur les trottoirs du 18e & 9e, Emmanuel Plane invite les plus initiés à donner la réplique aux personnages de Truffaut, Godard, Verneuil le temps d’une superposition muette.
Si vous souhaitez les scruter de plus près, rendez-vous au Salon du Louxor jusqu’à janvier 2023 pour admirer l’exposition dédiée.
Comme quoi, au-delà du film, les décors sont parfois encore valables. Ou pas !
Le Superposeur par Emmanuel Plane
Un voyage au coeur du plus grand studio de cinéma jamais construit : Paris
Salon du Louxor
170, boulevard de Magenta – Paris 10e
Jusqu’au 14 janvier 2023