Tout le monde le connait. Pourtant, êtes-vous déjà allés au cimetière de Montmartre ? Plus qu’un lieu de sépultures aux noms célèbres, c’est un véritable poumon vert pour le quartier. Et bien d’autres choses encore. . . Brigitte Hautefeuille, du Conseil de Quartier du 18e Grandes Carrières / Clichy, nous livre ses secrets lors d’une balade, tout sauf sinistre, un après-midi d’été.
Du pont Caulaincourt, les tombeaux s’élèvent. En dessous, le cimetière de Montmartre veille ses morts depuis 1825. Si son nom est évocateur, que connaissons-nous vraiment de lui ?
Pour sortir des classiques balades parisiennes, on descend les escaliers direction les allées tranquilles de l’un des derniers lieux préservés de la foule en délire. Brigitte Hautefeuille, du Conseil de quartier du 18e, nous livre anecdotes, histoires et Histoire sur le « Champ du Repos », comme on l’appelait jadis.
11 hectares, 21 500 concessions, 37 essences d’arbres, 33 divisions et autant de tombeaux plus majestueux les uns que les autres. D’entrée, le calme Olympien détonne avec le traditionnel brouhaha parisien. « La vie trépidante de la ville se frotte ici à l’immobilité silencieuse du lieu, comme si l’une était conduite à ne pas oublier l’autre » romance Brigitte Hautefeuille.
Si notre cimetière du Nord est l’un des 3 plus vastes de Paris intra muros (avec celui de Montparnasse et du Père Lachaise), seul lui et celui de l’Est « font l’objet d’une protection au titre des Monuments Historiques. La décision de stopper toute utilisation de produits phytosanitaires dans la ville ajoute encore à son importance en offrant une nouvelle vie à sa végétation, sous l’oeil averti des jardiniers. Un air nouveau, purifié, vivifié règne alors sur les divisions… ».
Nature (pas) morte
Résultat, la promenade se transforme vite en stage d’observation : entre art funéraire et nature (presque) sauvage, Brigitte recommande aux promeneurs curieux de « prendre votre temps, au fil des allées ». Ici, point de bains de foule, cris ou autres klaxons. Les bancs accueillent lecteurs, sandwiches de pause déjeuner, recueillements et quelques chats noirs.
Puisqu’on est ici pour prendre du (bon) temps, « ayez la patience de reconnaître les oiseaux familiers qui nichent ici : les pies qui sautillent, les corneilles qui s’envolent, le merle qui chante ». Paris semble loin.
Parmi cette faune et flore uniques, nos mirettes sont évidemment subjuguées par les ribambelles de splendides tombeaux.
3 tombeaux à ne pas rater
Div. 3, une réplique du Moïse de Michel-Ange, sculptée par Mercier (1845-1916) pour la tombe d’Osiris, qui marque la véritable entrée de l’ancien cimetière juif.
Div. 4, la Chapelle de la comtesse polonaise Potocka, entièrement construite en pierre calcaire polychrome et dorée par l’architecte Jacques Ignace Hittorff (enterré juste à côté). Chapelle classée au titre des Monuments historiques en 2014.
Div. 28, il ne faut pas manquer La Chapelle Fournier. Inscrite au titre des Monuments historiques en 2013, elle est édifiée en pierre calcaire. Son corps arrière contient des enfeus (niches funéraires). Elle est l’oeuvre de l’architecte Laurecisque, qui a trouvé l’inspiration dans les formes orientales à Constantinople.
« Enfin, pour accueillir de nouvelles sépultures et conserver le patrimoine architectural ancien, des chapelles funéraires reprises sont transformées en columbarium, contenant le plus souvent 8 cases cinéraires » rapporte Brigitte.
Sépultures célèbres
Pour le name dropping, plus de 300 noms célèbres reposent ici à tout jamais : Dalida, Alexandre Dumas, Adolphe Sax, Mimi Barthélemy, Edgar Degas, Georges Feydeau, Jeanne Moreau, France Gall, Michel Berger…
Alors si vous voulez prendre l’air en pleine canicule, méditer, faire une pause avec le bruit et plus encore, le cimetière du Nord est un endroit à visiter une fois avant de/d’y mourir. Rien que ça !
Cimetière de Montmartre
Entrée du cimetière : 20, avenue Rachel – Paris 18e
Ouvert tous les jours de 8h à 18h
01 53 42 36 30