Beaucoup le revendiquent et flirtent avec ce titre. Seulement, on a dégoté le vrai musée le plus caché de Paris. Pour s’y infiltrer, une seule solution : un rendez-vous avec Camille, responsable du patrimoine pharmaceutique. On vous rencarde.
Un premier portail doré que seuls les aficionados osent passer. Une avenue inconnue qui débouche sur le parc Monceau et deux remarquables hôtels particuliers dont la Plaine Monceau a le secret. C’est le palpitant parcours qui vous attend pour avoir la chance d’arpenter les couloirs du musée de la pharmacie et (re)découvrir 5 siècles d’histoire dans un écrin extraordinaire.
Ouvert en 2010, le musée de la pharmacie recèle plus de 20 000 pièces du 16e siècle à nos jours : objets et ustensiles d’apothicaire, pots à pharmacie d’époque, ouvrages anciens, affiches, caricatures, estampes… Autant de témoignages qui permettent « de faire découvrir l’histoire de la pharmacie au grand public » aspire Camille Jolin, véritable mémoire vivante du musée.
Préparée jusqu’au bout des ongles, notre guide du jour n’hésite pas à tourner des manivelles pour quelques démonstrations en direct : comment fabriquer un cachet à l’ancienne grâce à une machine de 1920, mélanger les différentes poudres avec le « mélangeur Gardner » de la seconde moitié du XIXe siècle et autres curiosités qui font sens aujourd’hui ou peur, c’est selon.
D’ailleurs, à l’intérieur, le droguier Menier monumental avec ses bocaux de coléoptères, fleur de soufre, yeux d’écrevisse, terre pourrie, pied de veau, absinthe, j’en passe et des meilleures, rappelle le passé naturel et bio de l’industrie pharmaceutique. « Dans les flacons de pharmacien d’antan il y a beaucoup de choses qu’on trouve dans nos cuisines actuelles, comme de la noix de muscade, du gingembre, du thym, du laurier etc. » mais aussi de l’acide citrique ou le quinquina – utilisé aujourd’hui notamment pour soigner le paludisme.
De quoi mesurer l’évolution de cette science vieille comme le monde et même en tirer quelques conclusions. « On se rend compte aujourd’hui que la chimie n’a pas la réponse à tout et que les médecines traditionnelles ont également des choses à nous apprendre » rapporte Camille. À suivre sur nos ordonnances donc.
À l’extérieur, c’est la magie de l’architecture de toujours qui opère. Impossible de ne pas lever les yeux pour admirer la façade normando-mauresque atypique du musée, unique à Paris.
Deux hôtels particuliers pour un musée
L’Ordre National des Pharmaciens a installé son officine aux 4 & 6 avenue Ruysdaël, à l’intérieur de deux magnifiques hôtels particuliers de 1860 et 1870.« Le numéro 4 est même l’un des premiers du Tout-Paris à avoir l’éclairage électrique dans sa salle à manger ! » raconte la trentenaire. Aujourd’hui restaurées en bureaux et musée gratuit à Paris, ces imposantes bâtisses gardent néanmoins quelques décors d’hier. Et pas des moindres.
Admirez l’escalier brut d’époque sublimé par ses boiseries et mosaïques dorées qui détonnent. On adore ces vestiges préservés à travers les siècles ! Idem pour sa voisine, la porte en fer forgé qui a dû voir défiler nombre d’attelages parisiens…
On ne vous dévoile pas tout. C’est Camille qui distille le mieux ses anecdotes et infos sur le musée le plus caché de Paris.
Musée de la pharmacie
Ordre National des Pharmaciens
4, avenue Ruysdaël – Paris 8e
Visite sur rendez-vous
Gratuit